La salle de cine, avec ses pleurs et ses rires, ses instants de communion ainsi que malaise, est le lieu de tous les possibles.

by on September 23, 2022

La salle de cine, avec ses pleurs et ses rires, ses instants de communion ainsi que malaise, est le lieu de tous les possibles.

«En 2008, j’ai accompagne mes enfants dans un multiplexe picard pour voir Bienvenue chez nos Ch’tis.

La salle est remplie. Les individus ont tout de suite ri de bon c?ur. A priori je n’etais gui?re le public cible, ainsi, pourtant, j’ai passe un moment dont je me souviens encore de nos jours.» A autre normal, Alain prefere David Cronenberg et Eric Rohmer. Mais ce jour-la, Dany Boon l’a seduit. Dany Boon ou l’auditoire de Dany Boon? «Je ne sais moyennement. La communion est si forte dans la salle, j’ai ete tel une vague de bonheur. J’me suis juste laisse emporter. J’aurais vraisemblablement vecu les choses de facon tres differente dans une rapide salle a moitie vide.»

Alain n’a pas ose revoir le mega succes du realisateur des Hauts-de-France: «Seul dans mon salon, ou aussi en famille, ca n’aurait pas eu la meme saveur. C’est un brin comme regarder a le pc la captation d’un concert auquel on a assiste: d’la scene a l’ecran, il y a tellement de magie et d’energie qui se perd.»

«un coup installes devant 1 film avec d’autres, nous faisons partie de la constellation collective.»

Pour un seul et meme film, les experiences cinematographiques sont Plusieurs. Ca tient d’abord aux conditions de projection, une meme ?uvre ne pouvant jamais s’apprecier d’une meme facon si elle est presentee en Imax ou visionnee via le smartphone dans le metro. Recemment, Netflix a annonce etre occupe a tester une fonction «visionnage accelere» permettant de regarder 1 film de 2 heures en 1 heure 20. Mes modes de consommation evoluent et se multiplient. Mais le deploiement de nouvelles technologies n’est nullement le seul facteur pouvant influer concernant la facon d’apprecier votre film.

C’est d’ailleurs la these d’un essai imposant, publie en 2017: dans The Audience Effect – On the Collective Cinema Experience, l’universitaire allemand Julian Hanich observe la maniere dont la salle de cinema joue sur notre experience de spectateur ou de spectatrice. «Au cinema, on voit souvent 1 film avec 2, 20, 200 ou 2.000 autres gens. Un coup installes devant un film avec d’autres, nous faisons part d’une constellation collective qui influe via une experience de spectateur, qu’elle soit positive ou negative», ecrit Hanich dans l’introduction de le ouvrage.

La salle de cinema, c’est un public soude riant de bon c?ur devant une comedie qui fait mouche. C’est aussi la toux si?che tout d’un voisin de passion.com conseils siege i  l’instant d’une replique-cle, une odeur de pop corn pendant Le Parfum, les rayonnements des smartphones des gens mal eleves. On entre au cinema avec l’envie de devenir une eponge, d’absorber bien ce qu’un film pourra nous donner. Il est souvent bien complexe de ne point s’impregner egalement de et cela se trame autour de nous.

Haneke et moi

Ma petite vie de cinephile a demarre Il existe pres d’un quart de siecle. Je ne sais nullement si c’est un hasard, mais les deux seances les plus etrangement marquantes de ma life ont concerne des films de Michael Haneke. En septembre 2001, au cinema Notre Carillon de Saint-Quentin, je decouvrais Notre Pianiste, glacante adaptation d’un roman d’Elfriede Jelinek. Deux incidents se paraissent produits pendant la seance: une femme s’est evanouie, puis une nouvelle a subi et cela semblait etre une crise de tetanie. Toutes 2 ont du etre evacuees, lumiere allumee, tandis que le film continuait sa life concernant l’ecran.

Jamais le malaise n’aura ete aussi eleve que votre soir-la, i  l’interieur d’un public dont nos membres semblaient tomber comme des mouches, ployant sous l’implacable tension assenee avec Haneke. Maintenant i  nouveau, le souvenir de une telle seance me donne des frissons.

En octobre 2005, a l’UGC Cine Cite de Lille, c’est cette fois une seance de Cache qui a marque mon esprit. Dans cette salle au tri?s denivele, un couple de jeunes gens installe au sein des premiers rangs a fini par ceder a l’ennui ou au desir, Afin de commencer a forniquer. Terrible sentiment de gene. Il aurait en general fallu intervenir, ce que personne n’a fait.

Si l’image etait aussi saisissante, c’est parce que la relation sexuelle qui se jouait en bas de la salle contrastait totalement avec cela se jouait a l’ecran. Cache reste si angoissant, depourvu de respiration, que c’est en general la derniere ?uvre que je choisirais si on m’obligeait a copuler devant 1 film. Impossible d’oublier la scene dans laquelle l’un des personnages, en plan fixe, entreprend de s’egorger. Non seulement le couple avait assez en gali?re selectionne son film, mais il avait aussi tres en gali?re choisi son moment, puisqu’il est en train de s’affairer i  l’instant de votre scene qui fit pousser a la salle 1 cri d’effroi general.

A quoi ca tient, l’art et une perception? La Pianiste a obtenu le Grand prix a Cannes en 2001, Cache le Prix une mise en scene en 2005, l’ensemble de deux ont ete largement salues par la critique. pourtant, je n’y associe que des femmes qu’on evacue et des jeunes qui s’accouplent devant 1 type qui s’egorge.

Une question d’environnement

Dans son livre, Julian Hanich multiplie des exemples visant a montrer a quel point l’experience de la salle de cinema va remplacer radicalement la facon de vivre votre film. Qu’adviendrait-il lorsqu’on s’avisait de regarder Borat au beau milieu d’une horde de nationalistes venant des Etats-Unis ou du Kazakhstan? Pas entendu qu’on s’esclafferait de la meme maniere.

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